Chalutage

Aires marines protégées

Les Aires Marines Protégées (AMP)

Bienvenue dans le monde nébuleux des ‘‘Aires Marines Protégées ‘‘. Nébuleux oui ! Car à travers le monde de nombreux pays se sont engagés à protéger 30% de leur territoire maritime suite à l’accord de Kunming-Montréal durant la COP 15 de 2022.

Hors dans chaque pays, ces aires marines portent des noms différents, selon les zones délimitées, leur niveau de protection et les activités permises. Ainsi nous pouvons retrouver des ZPR (Zone de protection renforcé), parc marins, réserves marines, sites Natura 2000 et j’en passe. Ces zones sont choisies pour leur riche biodiversité et répondent à des objectifs de protection des écosystèmes. Elles permettent de former des refuges pour la flore et la faune marines, restaurer les fonctions écologiques importantes en sauvegardant les frayères et les zones de croissance des poissons .

L’Océan fait preuve d’une extrême résilience et nous l’a prouvé dans des zones du monde où effectivement il y a une réelle protection. Les espèces se régénèrent en quelques années, la preuve avec la population de mérous qui a augmenté depuis l’interdiction de la pêche de ce poisson dans le parc de Port-Cros.

« Définir une zone et ses limites dans un espace ouvert tel que l’Océan n’est pas si évident. Les AMP sont pourtant une solutions pour assurer la régénération des écosystèmes marins. Laisser la nature faire! Et retirer les pressions anthropiques. »

Selon l’IUCN : Une aire marine protégée (« AMP ») est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par des moyens légaux ou d’autres moyens efficaces, visant à assurer la conservation à long terme de la nature et des services écosystémiques et valeurs culturelles qui y sont associés ». Une « aire marine protégée » ne peut pas être considérée comme « protégée » si des activités extractives industrielles (y compris la pêche) y sont conduites ou des infrastructures industrielles développées. Une aire marine protégée au sens large interdit donc les activités industrielles mais permet la pêche artisanale.

assurer la pérennité des AMP

De la mise en place à la gestion, de nombreux facteurs sont à prendre en compte pour que les aires marines protégées ‘‘fonctionnent’’ et puissent réellement servir l’écosystème marin.

Déterminer les zones potentielles et collecter assez de données pour connaître l’état des écosystèmes.

Inclure les populations locales : parfois l’initiative vient de la communauté elle même, comme les Rahui en Polynésie, dans d’autres cas, les zones littorales permettent la subsistance des populations autochtones qui ont d’ailleurs leurs croyances et cultures. La participation des communautés locales dans la planification et la gestion des AMP est primordiale.

La décision de créer des AMP doit également venir d’une volonté politique engagée à soutenir et renforcer les mesures de protection.

D’un point de vue administratif, les AMP nécessitent une réelle coordination entre différentes agences et niveaux de gouvernement et une rigueur quant à ces suivis.

Les AMP nécessitent de la gestion, de la surveillance, de la recherche et l'application des réglementations. Suivre l’état de santé de la biodiversité est une des choses que nous devons nous assurer en tant qu’humain, de même que respecter ces endroits. La pêche qu’elle soit légale ou non s’effectue encore trop souvent dans ces espaces annoncés comme ‘‘protégés’’.

Enfin pour toute durabilité d’un projet le défi est le financement et particulièrement des ressources humaines pour assurer toutes les étapes citées ci-dessus. Il est difficile d’estimer un retour sur investissement et de mesurer les ‘‘bénéfices’’ d’un espace marin régénéré. Définir des objectifs de conservation, même parfois de productivité est ce qui est actuellement utiliser pour justifier la demande de budget.

ÉTUDES ENVIRONNEMENTALES ET PLANIFICATION ADÉQUATE
ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE
VOLONTÉ POLITIQUE
CADRE JURIDIQUE
CAPACITÉS DE GESTION 
COORDINATION INTER-AGENCES
DONNÉES ET SUIVI SCIENTIFIQUE
SURVEILLANCE ET RÈGLEMENTATIONS
RESSOURCES FINANCIÈRES
INVESTISSEMENT À LONG TERME


Qu’est ce que le Chalutage :

Le chalutage est une technique de pêche qui consiste à tirer un grand filet à travers l'eau pour capturer des espèces vivant près du fond comme les morues, les soles et les crevettes ou des espèces pélagiques vivant dans les couches supérieures ou moyennes de l'océan, comme les maquereaux et les harengs.

Impacts Environnementaux

Dégradation des Habitats : Le chalutage de fond peut causer des dommages importants aux habitats benthiques, comme les récifs coralliens, les herbiers marins et les fonds vaseux. La traîne du chalut peut perturber le substrat, détruire des structures et réduire la biodiversité.

Capture Accessoire (bycatch) : Le chalutage peut capturer des espèces non ciblées, y compris des poissons juvéniles, des tortues, des mammifères marins et des oiseaux de mer. Ces captures accessoires peuvent avoir des effets négatifs sur les populations de ces espèces.

Épuisement des Stocks de Poissons : La surpêche due à des pratiques de chalutage intensives peut conduire à l'épuisement des populations de poissons, affectant la durabilité des pêcheries et la santé des écosystèmes marins.

Les pêcheurs artisans voient leurs ressources en déclin. Pour certains pays en voie de développement qui dépendent fortement de la pêche, cela provoque même de graves problèmes d’insécurité alimentaire.

Selon l’étude que l’association Bloom publie mardi 26 mars, en 2023, le chalutage soit de fond soit pélagique (qui vise de petits poissons en pleine eau) a cours dans 63 % de la surface des AMP européennes. 69 % de l’effort de pêche dans les AMP.

Est-il encore possible de se demander si le chalutage est cohérent avec la protection des espaces marins. Beaucoup de mouvements ont dénoncé ces incohérences et certains pays ont pris de décisions en faveur de leur environnement marin.

UN ESpoir provenant de la Grêce et du royaume uni

‘‘Énorme pas en avant pour la protection des écosystèmes marins en Méditerranée. La Grèce a créé la surprise en annonçant l’interdiction du chalutage de fond dans ses parcs nationaux d’ici deux ans, et dans toutes ses aires marines protégées d’ici 2030. Au total, 30% des eaux grecques seront ainsi protégées.’’*

‘‘Deux nouveaux parcs nationaux maritimes verront aussi le jour en 2024. Le premier couvrira plus de 11% des eaux grecques dans la mer Ionienne, à l’Est du pays, où l’on retrouve de nombreux mammifères marins tels que des cachalots, des baleines, des dauphins ou encore des phoques moines. Le deuxième s’étendra sur 6% des eaux territoriales, dans le sud de la mer Égée (entre la Grèce et la Turquie), où vivent d’importantes colonies d’oiseaux sauvages. De quoi permettre à la Grèce de protéger plus de 30% de ses zones marines dès 2024, avec six ans d’avance sur la loi.’'

Ces nouvelles mesures s’accompagnent de moyens renforcés, dont un système de surveillance étendu (notamment à l’aide de drones) pour faire respecter l’interdiction de chalutage. Au total, 780 millions d’euros seront destinés à la protection des écosystèmes marins.’’**

Concernant le Royaume Uni.

‘‘Le 22 mars dernier, le gouvernement britannique a annoncé l’interdiction du chalutage de fond dans certaines zones dans 13 AMP  sur 178 au total. La mesure s’étend sur quelques 4000 kilomètres carrés et vise à protéger ces riches écosystèmes.

Mais, pour la France, il s’agit surtout d’une mesure discriminatoire envers ses pêcheur·ses, qui évoluent notamment au sein de ces zones protégées.’’***

Cette décision aurait un impact socioéconomique nettement plus important pour les pêcheurs de l’Union européenne que pour ceux du Royaume-Uni.

Il est compréhensible que la pêche artisanale soit souvent plus impacté  par les mesures de protection des territoires maritimes étant donné quelle évolue dans ces zones. En contre partie, la pêche industrielle continue de vider l'Océan dans des zones qui seront difficilement protégées car ne relevant d'aucun pays et donc structures juridiques spécifique. 

Agir !

Une coalition citoyenne s’est formée pour obtenir enfin l’interdiction du chalutage des aires protégées françaises.

Un exemple de responsabilisation : exemple l’éducation par les AME https://www.ofb.gouv.fr/les-aires-marines-educatives

Livre d’intérêt exposant les réalités des Aires Marines Portégées : Les Aires Marines Protégées, vaines promesses et vrais enjeux - Acceptations, conflits, ruptures. Jean Eude Beuret et Anne Cadoret : https://pur-editions.fr/product/9811/les-aires-marines-protegees-vaines-promesses-et-vrais-enjeux