La
Régénération est
possible

« Regeneration can come only through a change of heart in the individual. »
— Henry Williamson
La régénération ne peut se faire que par un changement de cœur chez l'individu.
29 Avril 2024
5 min 

Lorsqu’on parle de régénération, on parle bien de cette capacité que tout être vivant a de redonner vie à ses membres ou parties dévitalisées. On peut aussi parler d’efforts visant à restaurer des environnements dégradés, soit en laissant justement les processus naturels se faire, soit en intervenant pour faciliter ou accélérer le processus de récupération.

La Régénération s’effectue donc lorsqu’on reconnaît la perte de vie d’un organisme ou d’un écosystème. Et retrouver la vitalité peut prendre un certain temps, mais elle est possible, comme nous l’a démontré l’évolution des populations de baleines comptant de plus en plus d’individus depuis le moratoire sur la chasse à la baleine instauré en 1986. Les baleines à bosse qui migrent de l’Antarctique à la côte Est Australienne ont augmenté de 10% à 13% par an, d’une centaine d’individus en 1986 à près de 40 000 présentement.* (malheureusement leur chasse continue, à lire). Ou encore la protection des espaces marins de toutes formes d’extraction intensives, permettant aux espèces marines de pouvoir atteindre leur maturation sexuelle pour assurer la pérennité de leurs populations et par conséquent des écosystèmes.

*selon l’étude Bejder, M. et al. Embracing conservation success of recovering humpback whale populations: evaluating the case for downlisting their conservation status in Australia. Mar. Policy 66, 137–141 (2016)

Cette régénération est aussi possible lorsqu’on comprendra que notre vie et particulièrement notre santé est intimement liée à celle de l’Océan.

On considère bien trop souvent l’Océan comme un moyen de nettoyer, ou encore purifier, une source infinie de biens à être consommés et un lieu ou finalement tout est permis car ‘’ça ne se voit pas’’.

La résilience de l’Océan ne doit pas être la raison de notre déresponsabilisation.

Et l’Océan n’est pas infini! L’eau qui le compose évolue de manière cyclique et est déjà passée par tous les états de forme, vapeur, liquide, glace.

‘‘Ainsi l’eau que l’on boit et bien même les dinosaures l’ont bu!’’

L’Approche Régénérative

Selon l’étude de Duarte-et-al-2020-Nature, la reconstruction de la vie marine est possible.

Cela dépend bien sûr du fait de retirer les pressions que nous faisons subir à l’Océan et sa biodiversité, les déversements de pollution chimique et plastique, la surexploitation des stocks de poissons, les perturbations sonores dues au transport et à la construction, les activités d’extraction de matière et la défense, et toutes activités qui accentuent le réchauffement atmosphérique provoquant une hausse des températures et l’acidification des eaux océaniques.

On a du boulot vous me direz !

Lorsqu’on applique une approche régénérative à nos actions, un changement de paradigme se créé. Cet exercice pouvant paraître simple offre une certaine complexité. Notre Ego est titillé, nos perceptions et croyances sont déconstruites et reconstruites. Lorsqu’on décide de se lancer dans l’apprentissage de cette nouvelle manière d’être, nous retrouvons le sens de notre rôle d’humain à mes yeux, celui de prendre soin.
Le fameux architecte et designer urban Stefan Lehmann a su imager cette évolution qui s’opère chez les êtres humains en rapport aux êtres vivants avec lesquelles nous vivons et sommes en apprentissage collectif sur Terre.

Source : architect and urban designer Stefan Lehmann, 2010

Dans ce nouveau cadre de référence, l’être humain ne se positionne plus en rupture et en surplomb avec la nature, comme “maître et possesseur” (Descartes), ainsi que l’illustre la position EGO, mais en interdépendance avec les écosystèmes (position ECO) et au service de ces écosystèmes, dans une posture où l’Homme ne renonce pas à sa place spécifique dans le monde, mais réoriente son intelligence vers une pensée qui n’est plus industrielle, mais en soutien du vivant. C’est la posture SEVA, qui désigne en sanskrit la posture de service désintéressé, d’amour et d'humilité envers le vivant, dans laquelle l’homme prend soin de la terre.

Ce changement de positionnement demande donc une prise de conscience de notre place et notre dépendances aux grands équilibres qui soutiennent la vie. L’humain prend alors pleine possession de son rôle de prendre soin des milieux et co-évolue avec eux, mais sans renoncer à son pouvoir d’agir.
D’un monde qu’il croyait peuplé d’objets mesurables et maîtrisables, l’homme se retrouve entouré de sujets de droit.

« La régénération est plus qu’un mot, une manière de faire, une enième solution, il s’agit d’une philosophie de vie, une manière de vivre et d’interagir avec notre environnement. »

La régénération s’est aussi avoir l’humilité de laisser la Nature faire d’elle même et de soutenir ses écosystèmes lorsque nos activités les ont trop ébranlé par la restauration et revitalisation de ses milieux. La régénération c’est aussi de considérer les dynamiques naturelles du milieu pour être le moins impactant ou encore mieux, de supporter la résilience de ce dernier. Lorsque l’humain décide d’agir en cohérence avec ces dynamiques on peut voir que les espèces marines se régénèrent. Un exemple concret : la restauration de corail.

Nous pouvons toutes et tous contribuer à la régénération de l’Océan et cela commence par le partage de connaissances, l’inclusion des espèces et les communautés autochtones dans les décisions et actions afin d’arriver à une collaboration qui améliore avec le temps les écosystèmes naturelles et humains avant tout. Nous avons tous le pouvoir d’impulser ces cercles vertueux.